04.07.2011 | 19:36
Amsterdam, capitale des gays? Pas pour 75 % des homos qui y résident et ne reconnaissent plus la ville autrefois tolérante et ouverte. Les plaintes pour violences homophobes augmentent de manière inquiétante et les "incidents violents" contre les gays et lesbiennes ont plus que doublé en un an.
Amsterdam, autrefois cataloguée "World Gay Capital", connaît un regain de violences homophobes: 487 plaintes pour agressions homophobes en 2010 contre 371 en 2009 et 300 en 2008. Les incidents avec violences physiques ont plus que doublé en un an passant de 82 en 2009 à 182 en 2010 alors qu’on en comptait "seulement" 54 en 2008.
D’après un rapport de police de 2008 sur la violence homophobe aux Pays-Bas, celle-ci s’exerce plus particulièrement dans les lieux de rencontre homos – les clubs ou les cafés – au domicile, mais surtout dans les espaces publics.
Les lesbiennes moins menacées
Les hommes sont les victimes de cette violence à une écrasante majorité: 89 %. Tandis que les lesbiennes sont les cibles de 3 % des agresseurs et les transsexuels viennent loin derrière avec 1 %. Le reste des victimes n’est curieusement pas identifié par genre…
Une étude menée en 2009 auprès de 412 hétéros et 167 homos montrent que 75 % de ces derniers estiment que l’on ne peut plus appeler Amsterdam "Capitale Mondiale des Gays" et ils sont 79 % à considérer que le climat s’est dégradé à leur égard (82 % des homos et 69 % des lesbiennes). Les hétéros sont d’ailleurs 67 % à partager ce sentiment.
Les femmes sont d’ailleurs plus enclines à parler ouvertement de leur orientation sexuelle (77 %) que les hommes (48 %).
Préjugés homophobes persistants
Mais Amsterdam était-elle vraiment si ouverte et tolérante ? Dans leur livre Als ze maar van me alfblijven ("Tant qu’ils ne s’approchent pas de moi") Laurens Buijs - professeur à la Social School for Social science Research (ASSR) d’Amsterdam -, Gert Hekma - professeur en études sur les homos et lesbiennes de la faculté d’anthropologie - et Jan Willem Duyvendak, professeur de sociologie de l’Université d’Amsterdam - démontrent qu’en fait les préjugés homophobes abondent dans la cité de la tolérance. Que, nulle part ailleurs, la violence homophobe n’est aussi structurelle qu’à Amsterdam.
Ce livre est le fruit d’une recherche commandée par la Gemente - municipalité - d’Amsterdam. Ils ont interviewé des centaines d’agresseurs. L’image qu’ils donnent de la ville est à la fois passionnante et inquiétante: elle confirme que l’image de tolérance de la ville est largement usurpée. Nombreux sont les habitants qui n'ont jamais accepté les homosexuels.
La municipalité a lancé une campagne de sensibilisation et a pris des positions claires contre la violence homophobe. Si on en croit les statistiques, pour l’instant le principal résultat de cette campagne, est une augmentation sensible du nombre de plaintes: les victimes parlent plus volontiers de ce qui leur est arrivé. Malheureusement, la campagne ne semble avoir aucune incidence sur le nombre d‘agressions qui ne cesse de croître de façon alarmante.
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